Nicole Crestou

© Roz Herrin

Née en 1957 à Vierzon, Nicole Crestou a étudié la céramique à l’École Nationale des Beaux-arts de Bourges (1979-1980) avant de passer en 1988 un D.E.A. d’Histoire de l’Art, Paris I Panthéon-Sorbonne. Elle a obtenu en 1992 un Doctorat en Arts et Sciences de l’Art à Paris I. Passionnée par le modelage, Nicole Crestou a commencé très jeune la céramique et consacré une grande part de ses études à cette technique tant à l’école des beaux-arts qu’à l’Université. Elle a participé à plus de 250 expositions collectives et organisé une trentaine d’expositions personnelles. Son cycle A Terre Perdue I – VII, a notamment été montré entre 1986 et 1990 à la Maison de l’habitant (Vierzon), à l’École Normale (Bourges), à Saint-Charles (Paris), à Autographe (Paris), à l’Espace 13 (Théâtre 13, Paris), à la Galerie Pierre-Marie Vitoux (Paris) ainsi qu’à l’Espace 31 (Issy-les-Moulineaux). Impliquée dans des associations professionnelles, Nicole Crestou participe à la mise en place d’événements d’art céramique en Puisaye, à La Borne ou Paris. Dans le domaine de la sculpture, elle poursuit ses installations en terre crue, composées d’éléments répétés figurant le corps, mis en scène pour se détruire au cours de l’exposition. L’espace dicte la scénographie. La terre crue côtoie parfois la terre cuite.
Nicole Crestou est représentée par la galerie Pierre-Marie Vitoux (Paris).

Le projet

Nicole Crestou, "colonnes de têtes, terre crue" (détail) prieuré de Champdieu, 2008 (en intérieur), photographie de l'artiste.

Têtes empilées, écrasées, s’effondrant sous les coups, déjà détruites et cependant toujours là, résultats d’on ne sait quel désastre… Têtes, torses, mains, vertèbres, témoignant de la fragilité de l’être, désignant par absence les pressions faites sur l’homme (la femme, l’enfant), contre lui, contre l’espèce qui voudrait vivre autre chose. Pas la mort mais, du fait du désastre, la contrainte, la blessure, le poids des choses mal organisées, pas organisées pour la vie justement.

Nicole Crestou a trouvé le point faible de la représentation, là où la sculpture à la fois est marquée par le temps et résiste encore un peu. Dans cet effondrement des corps, par leur propre lourdeur, par leur matière si décomposable, le sculpteur montre paradoxalement une sorte de pérennité des forces de résistance : ici il y a encore quelque chose qui, avant de retourner au rien, à la boue originelle, pousse un dernier cri, parle d’une dernière parole en forme d’humanité, inaltérable voix des civilisations et des sociétés…

La sculpture, venue de l’humain et le dessinant par le plein et le vide, le désir ou le décharnement, n’est pas chassée par quelque fantaisie contemporaine mais réinstallée au contraire dans sa vocation de matérialisation de l’idée-force. Le paradoxe signalé, cette urgence de nous sauver quand il est encore temps, est moins attribuable à un désespoir du sculpteur qu’à une réflexion dans le matériau, un retour sur la capacité de l’art à dire ce qu’on n’entend plus ailleurs. Camps de concentration, usines explosives de la chimie envahissante, bombardements des pays qui ne veulent pas céder, famines contrôlées pour que des peuples ne naissent plus, toute notre actualité atteste qu’on s’en prend toujours au corps : Nicole Crestou le « prend » à son tour, pour le rendre à la contestation de l’art.

Raymond Perrot, juin 2002

LE SITE, le projet

>> Le siège de l’entreprise Danjou-Boda accueillera une Exposition de céramique rassemblant des œuvres de Gérard Bignolais, Nicole Crestou, Ruta Jusionyte, Odile Levigoureux et Patrick Loughran. En savoir plus…

LA VILLE

>> Iwuy

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